A l’occasion de la présentation du Bilan des Emissions de Gaz à effet de Serre (BEGES) et du Plan de Transition Energétique et Ecologique de la Ville au conseil municipal, Jean-Claude Oliva a appelé à changer de vision du monde et changer de priorités dans toutes les politiques publiques.
Il est minuit passé pour le climat.
Il est minuit passé pour la biodiversité.
Il est minuit passé pour le cycle de l’eau.
Il est minuit passé pour l’artificialisation des sols.
Il est minuit passé pour la pollution généralisée de l’environnement.
Les piliers de la vie sur Terre sont en train de s’écrouler, la catastrophe écologique est en cours.
Alors, oui ce plan est nécessaire. Comme les agendas 21, il y a quelques années, comme les plans climat, air, énergie, au niveau du territoire, comme le plan eau et climat que nous avons adopté en début de mandat. Oui, toutes les actions proposées sont nécessaires. Mais cela ne suffit pas. Il faut changer de vision du monde. On ne peut pas d’un côté adopter un plan avec un certain nombre de mesures pour le climat et de l’autre, continuer toutes les autres politiques comme si de rien n’était. Il faut changer de priorités dans toutes les actions publiques.
Dans ce rapport, comme dans la plupart des mesures concernant le changement climatique, il est question des émissions de gaz à effet de serre, mais on voit très rapidement qu’il s’agit uniquement des émissions de CO2. Je voudrais tout d’abord rappeler que le CO2 est responsable d’environ 10% de l’effet de serre ; la vapeur d’eau de plus de 80% et les autres gazs comme le méthane d’environ 10%. Au-delà de ce choix qui peut déjà interroger, il est problématique de :
-réduire la crise écologique à la crise climatique ;
-réduire la crise climatique au réchauffement climatique ;
-réduire le réchauffement climatique à la quantité de GES dans l’atmosphère ;
-réduire la quantité de GES dans l’atmosphère à la quantité de CO2 dans l’atmosphère ;
-réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère aux émissions de CO2.
Pourquoi est-ce un problème ?
Outre le fait que les émissions de CO2 ne reculent pas, ce faisant, on passe à côté de nombreux leviers d’action possibles pour combattre le changement climatique.
Je ne prendrai qu’un seul exemple. On veut réduire les émissions de CO2 pour réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Très bien. Or la quantité de CO2 dans l’atmosphère ne dépend pas seulement des émissions. Elle dépend aussi de la consommation du CO2 présent dans l’air par la photosynthèse à l’échelle planétaire. Si dans le même temps, on continue, comme c’est le cas actuellement, à réduire le couvert végétal sur la planète et donc la photosynthèse, on peut imaginer réduire les émissions de CO2 et obtenir davantage de CO2 dans l’atmosphère !
Tout cela pour dire que nous ne sommes pas condamné.e.s à la catastrophe, à condition de réouvrir la question climatique au delà des seules émissions de CO2 et d’élargir le champ des actions possibles.